En Suisse, une famille fait revivre des variétés locales accessibles à tous, à contre-courant de l’industrie semencière.
Sur les terres des frères Zollinger, bordées par le lac Léman et les Alpes suisses, dans la commune des Evouettes, les asperges sont montées en graine et les carottes ouvrent leurs ombelles blanches. Nulle négligence dans ce laisser-pousser : les légumes ne sont pas cultivés pour leur chair, mais pour leurs graines. Pionniers des semences bio en Suisse, les Zollinger se sont lancés dans les années 1980 avec une douzaine de variétés, collectées dans les jardins villageois, les champs ou les monastères.
Depuis, les quatre fils ont repris l’entreprise familiale, et le catalogue s’est étoffé, avec quelque 450 variétés potagères et horticoles. Des variétés anciennes, ou modernes, mais toujours locales et libres de droit.
Une démarche à contre-courant de l’industrie semencière, qui protège ses productions par des droits de propriété visant à interdire ou à taxer les « semences de ferme », c’est-à-dire celles avec lesquelles un agriculteur résème une partie de sa récolte. Pourtant, la petite maison Zollinger prospère.
« Les gros sélectionneurs investissent des millions, pendant des années, pour faire entrer sur le marché une nouvelle variété ultra-performante. Ils veulent donc la protéger du piratage, explique l’aîné, Tulipan Zollinger. De notre côté, on s’adresse aux jardiniers et aux petits maraîchers, qui cherchent des variétés différentes, “swiss-made”, adaptées aux petites productions… On a, par exemple, la tomate rose de Berne, difficile à produire mais très savoureuse », explique-t-il.
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Encore très minoritaires, les variétés locales tentent de prendre racine, aux marges d’un marché des semences restrictif et de plus en plus concentré – Bayer-Monsanto, Dupont-Dow et Syngenta-ChemChina détiennent à eux trois plus de la moitié du marché mondial. Malgré tout, on assiste à leur indéniable retour en grâce. En France, le Réseau Semences paysannes, né en 2003, fédère aujourd’hui une centaine d’organisations....
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« Pour nous, une variété vivante, c’est une variété qui est semée, cultivée et utilisée. Les différentes semences que nous proposons sont souvent reliées à un territoire et un biotope particulier. Nous choisissons les semences en fonctions de leur goût, leur qualité et le fait qu’elles soient adaptées à la culture vivrière. Nous voulons donner aux gens le plaisir du goût et de jardiner, loin des variétés standardisées par les grands semenciers. La rose de Berne est pour moi LA meilleure tomate en goût, mais le fruit s’abîme vite, il faut donc la manger rapidement après la cueillette. Impossible de la transporter en camion pendant quatre jours comme c’est le cas pour de nombreux fruits et légumes dans les supermarchés. » Tulipan Zollinger, semencier
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Avant la révolution verte, les variétés s’amélioraient de générations en générations, les graines des meilleurs plants étaient conservées pour les ressemer l’année d’après : chaque village avait donc des semences adaptées à son climat, son terroir et ses préférences gustatives. La Révolution Verte a gravement endommagé ce savoir-faire traditionnel en créant des variétés hybrides dépendantes d’intrants chimiques.
Dans les années 1980, les semenciers industriels se sont retrouvés face à un problème : la diversité des semences s’était tellement appauvrie qu’ils n’avaient désormais plus un nombre de gènes suffisant pour la création d’espèce hybrides. Heureusement, le travail accompli par la famille Zollinger et d’autres semenciers résistants a permis de préserver ce patrimoine alimentaire, les mettant à disposition du grand public et des paysans.
« En Suisse, on assiste à un renouveau de l’agriculture locale, avec des magasins à la ferme, et plein de gens qui se mettent au jardinage depuis les cinq dernières années. Alors que nos anciens clients avaient un énorme savoir-faire, cette nouvelle génération qui se met au jardinage n’a jamais appris et a besoin de monter en compétences. Nous leur proposons donc des conseils plus précis sur les semis, la récolte et ce qu’il faut faire tout au long de l’année, mais aussi des tutos vidéos. » Tulipan Zollinger, semencier
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EN LIEN AVEC LA CONFÉRENCE/ÉCHANGE DE PATRICE BORGOGNO : "SEMENCES NORMÉES OU NORMALES ?" (Produire ses graines et semences, Semences paysannes, semences bios, semences F1... Du bio de supermarché à l’agriculteur producteur de ses propres semences en passant par les magasins spécialisés bio) QUI SE DÉROULERA LE SAMEDI 17 NOVEMBRE 2018 À LA MÉDIATHÈQUE D'ARGELÈS-SUR-MER À 18:30