"Après nous le déluge" est le titre d'un livre du philosophe allemand Peter Sloterdijk paru en 2016, et selon lui la formule de l’inconséquence moderne.
La phrase prononcée au cours d’une fête par la marquise de Pompadour après avoir appris la nouvelle d’une défaite des troupes françaises lui apparaît en effet comme « la devise secrète des siècles à venir ». Elle s’impose comme une ritournelle « chaque fois que le réel ne ressemble pas aux scénarios de progrès que notre bonne volonté ou notre naïveté nous dicte ». Le philosophe a encadré sa réflexion par une autre formule, complémentaire de la première comme les deux faces d’une même pièce de monnaie : « Pourvu que ça dure », l’incantation de la mère de Napoléon à chaque victoire de son rejeton.
Aujourd’hui la durabilité est invoquée comme une formule hypnotique alors que la destruction de l’environnement s’accélère. Peter Sloterdijk y voit le symptôme schizophrénique de notre époque. Le regard porté sur notre passé nous plonge dans la dimension de millions d’années, alors que vers l’avenir personne n’ose se projeter au-delà de quelques décennies.
Les industries du savoir ont remplacé l’apprentissage par l’information. Le monde entier est une école et tous les hommes sont des écoliers, affirmait au XVIIème siècle le maître de tous les enseignants, Comenius. Il s’opposait en cela à Shakespeare, pour qui le monde était plutôt un théâtre, et les hommes des comédiens. Le débat rebondit aujourd’hui sous une forme qui devrait nous inquiéter : ce que Sloterdijk désigne comme « la révolte des mauvais élèves. Qu’est-ce que le populisme, sinon la volonté de brûler les bancs des écoles ? »
EXTRAITS D'UN ARTICLE À LIRE DANS SON INTÉGRALITÉ SUR LE SITE DE FRANCE CULTURE