La vérité, cette notion si chère aux philosophes, que l’on étudie sous toutes ses coutures est, en ce moment, fortement chahutée. Fake news, réseaux sociaux, complotisme, populisme ou critique, la vérité a-t-elle encore quelque chose à nous dire ?
Constant s’oppose franchement au principe moral selon lequel : « dire la vérité est un devoir », principe défendu au départ par Kant… Et Kant, à son tour, de lui répondre : en quoi la vérité est un devoir, et quel type de devoir : inconditionnel ou circonstancié, et enfin, pourquoi un droit de mentir n’a pas de sens…
Au fond l’enjeu est celui de ce que je dois à l’autre et ce qui permet, du coup, de fonder une communauté. Constant, pour sa part, n’envisage pas une seule seconde qu’une société soit possible en vertu du principe de vérité : le mensonge serait au contraire le moyen de se protéger soi et l’autre (on peut ainsi penser à celui qui cache quelqu’un chez lui ).
Kant, à l’inverse, voit la vérité comme la condition même de tout échange réglé, moral, honnête entre les hommes, soit la possibilité même de la société.
Aujourd’hui, à l’ère de la parole libérée et de la défiance généralisée, que penser ou tirer de cette controverse entre Constant et Kant sur la vérité et le mensonge ? Entre la multiplication des points de vue qui se disent vrais, et en miroir, celui du fact-checking qui se veut neutre comme la vérité, comment ne pas se tromper ? Qui a raison ?
La controverse entre Kant et Constant se positionnait sur le terrain de la morale et de la politique, mais aussi dans un contexte où parler de vérité avait encore un sens. Aujourd’hui, on en parle encore, mais pour la relativiser, pour la critiquer, pour prôner la sienne contre celle d’un autre… la vérité a-t-elle alors encore un sens ?
On peut croire que non, comme en témoigne l’émergence de ce nouveau concept de « postvérité ».
Kant et Constant associaient la vérité à la politique, à la constitution et à la viabilité d’une communauté. La post-vérité peut nous appeler à dissocier ce lien, mais à quel prix et pour asseoir la démocratie sur quoi ? Peut-on jamais se passer de vérité pour croire en l’autre et en une communauté, ou pour justement pouvoir critiquer cette communauté ?
À celle-ci, faut-il substituer le vrai, les échanges vrais par exemple ? Ou une « théorie progressive du vrai » où il s’agirait de « faire vérité », de faire éclater la vérité.
Comme quoi dans « post-vérité », il y a toujours « vérité ».
BD de Jacky Arlettaz et Frédéric Baylot
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