Après des révélations sur un éventuel chargement à destination de l'Arabie saoudite, la CGT du port a assuré que ses membres "ne chargeront aucune arme, aucune munition pour quelque guerre que ce soit".
Une réaction sans équivoque après des révélations de Disclose, quelques heures plus tôt, assurant que le cargo saoudien Bahri Tabuk devait prendre livraison de munitions de canons Caesar.
Selon le jeune média d’investigation, le navire devait ensuite se rendre au port saoudien de Jeddah, alors même que la monarchie islamique est accusée d’utiliser des armes françaises contre des zones civiles au Yémen. Depuis 2015, le pays est touché par un conflit opposant le pouvoir à la rébellion houthiste qui a fait des dizaines de milliers de morts, selon les organisations humanitaires.
“Nous avons demandé au cosignataire et au fournisseur, des documents officiels qui attestent que nous chargerons du matériel civil, destiné aux civils, et en aucun cas du matériel militaire”, a promis le représentant des dockers.
La prise de position de ces ouvriers portuaires contre la livraison d’armes potentiellement utilisées dans le cadre du conflit au Yémen n’est pas isolée. Le 20 mai, des dockers italiens se sont mis en grève au port de Gênes pour bloquer tout chargement de matériel susceptible d’être utilisé à des fins militaires.
Ces protestations ouvrières sont sans compter la déroute d’un cargo au large du port du Havre, le 10 mai, en raison de craintes similaires. Un blocage initié, pour le coup, plutôt par des groupes politiques, humanitaires et citoyens.
Si les dockers marseillais font référence à leur “histoire” et leurs “valeurs de paix” dans leur communiqué, c’est que leur engagement “contre l’impérialisme” remonte à bien plus loin que la guerre au Yémen.
En 1949, en pleine guerre d’Indochine, le port de Marseille, principal point d’embarquement et de débarquement pour les troupes et le matériel, avait déjà été le théâtre de cette “réalité conflictuelle”, rappelle une brochure du Service Départemental de l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ONACVG).
En novembre de cette même année, des dockers avaient refusé de charger le Montbéliard ainsi que le Cap Tourane, deux navires à destination de la colonie française. Le 8 décembre, une conférence de dockers décidait même de bloquer l’envoi de tout matériel à destination de l’Indochine et partant de plusieurs ports méditerranéens: Sète, Nice, Port-de-Bouc, Port-Saint-Louis, Port Vendre, Toulon et Marseille.
EXTRAITS D'UN ARTICLE DE PIERRE TREMBLAY À LIRE DANS SON INTÉGRALITÉ SUR LE SITE DU HUFFINGTON POST