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Le souffle du passé -28- (Feuilleton)


Le souffle du passé                              28


 Une bonne chose de faite ! pensa Julien.

 Il se confectionna un petit repas, avec les restes qu'il trouva dans le frigo, et pensa à rendre la baraque dans l'état où il l'avait trouvée. Cela, d'ailleurs, le fit sourire : il fallait donc qu'il la laisse bancale, sensible au vent, au point de siffler avec lui en musique, avec des portes qu'il fallait martyriser pour les fermer, des persiennes percées, un toit bosselé, et un frigo qui faisait le bruit d'un avion en train de décoller. Mais l'inconfort ne nous rapproche-t-il pas un peu plus de la Nature ? pensa-t-il en souriant.

 Il rangea soigneusement ses affaires dans la valise, et emplît son sac à dos à ras bord. Après une dernière visite à l'étage, il s'installa sur la terrasse pour passer une dernière nuit... à la belle étoile.

 Ah ! J'allais oublier...pensa Julien, en sortant son téléphone.

 Un premier message partit en direction de Denise, la secrétaire. Laconique. « Demain réunion à 16h dans mon bureau. Présence obligatoire de tous les membres du C.A. Merci de les avertir à la première heure. »

 Le second message était adressé à Julie. Très bref également : « Chose promise, chose due. Voici le film d'une visite guidée par une jeune fille talentueuse.    Amicalement . Julien. »

 Il ne lui restait plus qu'à grimper dans le hamac et de lire tranquillement, bercé par le    murmure des vagues, et le balancement de sa couche, le dernier livre de Pierre Emmanuel Schmidt. C'est dans la position du lecteur qu'il s'endormit, la lampe tempête allumée sur la table.


  C'est un bruit sourd, au loin, qui le fit sursauter. Il réalisa tout de suite que personne ne savait qu'il était encore là. Trop tard pour l'annoncer ! Alors il glissa rapidement   hors du hamac, et fonça éteindre la lampe. Il cacha ses affaires derrière deux rouleaux de canisse, et se planta au bout de la terrasse pour surveiller. Le bruit se faisait plus présent. Il suivait du regard les deux pinceaux de lumière qui grossissaient dans la nuit. Apparemment, au bruit du moteur, c'était un gros véhicule, lourd, et au mouvement des phares, il devait se balancer dans les ornières du chemin venant du village de pêcheurs.

 Effectivement, un van arrivait dans sa direction ; le chauffeur qui avait mis ses lumières en veilleuse, dépassa la baraque, tourna vers la gauche et s'immobilisa en hauteur, face à la mer, en éteignant les phares, puis le moteur.

 Un silence pesant s'en suivit. Julien avait les yeux rivés sur le véhicule pour ne pas perdre une miette de la situation. Mais il n'avait pas prévu l'arrivée d'une voiture, dans le chemin qui mène au village, qui prit moins de précaution. Dans un nuage de poussière, elle arriva en trombe et se mit en travers du chemin, à hauteur de la baraque, sûrement pour couper la route à tout curieux.


 Pour continuer à voir sans être vu, Julien devait changer d'endroit.  Il jeta un coup    d'oeil aux alentours et sans plus attendre, monta sur la main courante de la terrasse, et sauta prestement dans le figuier. Satisfait de sa position stratégique, il prit soin d'éteindre son portable et de s'installer confortablement à la croisée de deux grosses branches. De là, pensa-t-il, je ne vais rien manquer du spectacle. La plage s'ouvrait devant lui, et sur le côté il pouvait surveiller la méhari décapotée... et même entendre ce que les deux passagers pouvaient raconter. C'était parfait !

À SUIVRE...


JACKY ARLETTAZ