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Repenser la solidarité


Importance des interdépendances

Importance des interdépendances qui existent de fait entre les membres de nos sociétés,et interrogation sur la manière de les organiser en ce début de siècle, face aux défis de l'époque contemporaine. 

Même si la sortie de Laurent Wauquiez sur le « cancer de l'assistanat » alors même que le renflouement des banques était présenté comme une « nécessité »  contrairement à ce que Serge Paugam écrit dans l'introduction de son livre.

C'est une invitation à prolonger le débat dans toutes les couches de la société afin de renforcer la conscience de ce qui constitue toujours le socle indispensable de toute vie sociale : la solidarité.



Justice sociale

Si sa définition est en elle-même un sinon l'enjeu de lutte politique principiel, et ne peut se déduire d'une simple logique et est indissociable de l'expérience vécue par chacun-e, elle peut cependant être approchée par le modèle du « spectateur équitable », et charrie avec elle de nombreuses autres questions, non moins délicates à définir et articuler, à commencer par l'égalité et la liberté. Leur articulation est au fondement de « l'Etat-providence » - que d'aucuns préfèrent qualifier d'Etat social pour éviter certaines connotations lourdes de sens.

L'idée d'une allocation universelle, sorte de troisième terme « équitable » entre les principes assurantiel et solidaire, et qui pourrait fonder « l'Etat-providence » du troisième millénaire.



Politique familiale

La tendance actuelle semble cependant davantage aller vers son rétrécissement, que compenserait avantageusement la promotion des « solidarités familiales », notamment dans le contexte français marqué par un héritage d'Etat social « corporatiste ». 

Face à la crise que rencontre le système social « conservateur » français – et en particulier à ses déséquilibres générationnels-, on doit considérer à nouveau les « solidarités intermédiaires », entre les niveaux étatique et individuel, « sur le mode métaphorique des relations familiales mais en évitant tout paternalisme »

Un « renouveau de la pensée conservatrice » qui ne se limiterait pas à la seule invocation de la famille pour légitimer le délitement de la protection sociale : le débat n'est donc pas tranché, mais mériterait d'être posé le plus largement possible, tant les enjeux de la politique familiale sont aussi importants que « discrets » dans le débat public actuel.



L'emploi salarié

Plus que « la » famille, c'est en effet l'emploi salarié qui constitue le coeur du système social « corporatiste » français et qui serait aujourd'hui en crise. Cette « société salariale » subit aujourd'hui des attaques par l'installation d'un « précariat ». 

Il ne faut pas oublier de croiser la question de l'emploi avec celle du genre. 

La logique de contractualisation qu'a accompagné la mise en place du RMI – bien loin de représenter une simple ressource plancher inconditionnelle-, et encore accentuée avec le RSA qui l'a remplacé. Contre le mirage, qui s'est il est vrai aujourd'hui en partie éloigné, de la « flexicurité » danoise, que d'aucuns appelaient à importer en France. Dont les fragilités sont incarnées notamment par l'immigration et les refus individuels de solidarité. 


Mixité urbaine

La question des discriminations, notamment à l'égard des immigrés et de leurs descendants est liée à celle des ségrégations urbaines et scolaires. Il importe de se méfier de l'injonction à la « mixité », l'enjeu réside en effet sans doute moins dans l'habitat que dans l'école.


Solidarités nationales

A côté des solidarités nationales, la deuxième moitié du 20e siècle a également vu monter les entreprises de prise en charge de la « souffrance à distance », incarnées notamment par la figure des ONG. 

Parmi les nombreuses questions que la place de ces dernières dans l'espace public pose, d'aucuns ne manquent pas de mettre en parallèle leur montée avec la résorbtion de l'Etat social. Elle s'inscrit plus profondément dans un redéploiement, plutôt qu'un retrait pur et simple, des institutions étatiques. 

Le système assurantiel perd progressivement sa dimension solidaire pour donner même lieu en certains cas à une redistribution verticale inversée. Se pose la question d'une transposition des solidarités sociales vers le niveau européen, en mettant notamment en évidence les ambivalences des politiques insufflées par l'Union européenne pour lutter contre le chômage des « jeunes » au tournant des années 2000.





NOTESSerge Paugam (dir.), Repenser la solidarité. L'apport des sciences sociales, PUF, coll. « Quadrige Essais Débats », 2011, 980 p., 1ère éd. 2007, ISBN : 9782130588757.

Informations



https://journals.openedition.org/lectures/6015