Informations issues du Guide Éco-Citoyen de la réparation édité par Les Amis de la Terre que vous pouvez télécharger ICI
50 % de nos appareils électriques et électroniques défaillants finiront à la benne. Les autres iront chez le réparateur si nous ne renonçons pas en chemin. Résultat, chacun d’entre nous produit chaque année de 16 à 23 kg de Déchets Électriques et Électroniques. Avec un nombre croissant d’équipements mis sur le marché et une durée vie moyenne divisée par deux, la tendance risque de se renforcer... Les nouveaux appareils high-tech comme les smartphones ou les tablettes ont une durée d’utilisation moyenne qui ne dépasse plus deux ans ! En 2015, seul 1% des Déchets Électriques et Électroniques a pu être ré-employé et réintégrer le marché sous forme d’appareils de seconde main !
Aujourd’hui, le recyclage de nombreux composants coûtant très cher, le taux de recyclage par métaux reste donc très faible. Un smartphone contient environ 60 métaux et terres rares dont seulement 9 ont un taux de recyclage supérieur à 50%. Pour réduire au maximum ces impacts dramatiques, il faut garder les produits en vie plus longtemps !
Que faire ? Privilégier l’achat d’objets de seconde main plutôt que de biens neufs, et faire réparer nos biens !
Aujourd’hui, des entreprises proposent la reprogrammation des téléphones ou ordinateurs en état de marche dont les usagers ne veulent plus, ou le démontage des appareils usagés en pièces détachées pour reconstituer un appareil. Trois appareils sont alors nécessaires pour en fabriquer un nouveau.
Pour l’écologie et pour notre compte en banque, il est important de s’orienter vers des appareils réparables. Si le prix peut parfois être plus élevé, il sera amorti sur le long terme. Un appareil Seb coûte plus cher qu’une entrée de gamme mais les pièces détachées sont disponibles pendant 10 ans. Évitons au maximum les appareils qui contiennent des composants électroniques superflus, et les objets connectés. Privilégions une cafetière italienne ou un bodum à une machine expresso ; un lave-linge simple à un appareil avec trop de fonctionnalités. Less is more en matière de durabilité.
Le guide I Fix It est la référence incontournable pour l’évaluation de la réparabilité des smartphones, des tablettes et des ordinateurs portables.
Électroménager, télévision et multimédia
Il n’y a pas de guide exhaustif sur la réparabilité des autres appareils. Un site a été développé par Comment Réparer et HOP pour recueillir l’avis des consommateurs.
La loi consommation de 2016, ou loi Hamon impose que l’information sur la durée de disponibilité des pièces détachées des produits mis sur le marché depuis le 1 er mars 2015 soit délivrée au consommateur par le vendeur de manière lisible avant la conclusion du contrat. Une fois la durée de disponibilité affichée, elle créé une obligation légale pour le constructeur du bien de fournir – dans les deux mois – les pièces pendant la durée indiquée.
En 2016, l’information n’était pas disponible dans 60% des cas et lorsqu’elle l’était, elle n’était pas disposée de manière à attirer l’attention des consommateurs. En 2017 les pratiques s’améliorent, mais restent très disparates. Certains distributeurs – Fnac, Darty, Conforama – affichent la disponibilité des pièces détachées sur l’étiquette de chaque produit. D’autres dispensent l’information en un seul point du magasin, d’autres enfin sur une feuille centralisant l’ensemble des marques. Certains obtiennent les informations de l’ensemble de leurs fournisseurs, d’autres non.C’est notamment le cas de la vente en ligne. C Discount affirme que 80% des fournisseurs ne lui transmettent pas d’information sur les pièces détachées. Sur Amazon ou Rue du commerce, l’information sur lespièces détachées est rarement disponible, voir totalement absente. Même quand elle est affichée, elle se trouve à la fin d’une très longue liste de caractéristiques du produit accessible seulement en cliquant sur « plus de détails ».
Pour que cette obligation d’information des consommateurs soit plus efficace, il faudrait notamment que les produits ne disposant pas de pièces détachées soient clairement signalés aux consommateurs. Le Président Emmanuel Macron s’est engagé pendant la campagne à réécrire le décret.
Toute personne ayant acheté un bien en France, y compris sur internet, est protégée si une malfaçon du produit provoque la panne de son appareil sans mauvais usage de sa part... Elle peut réclamer réparation pendant 5 ans, au titre du droit général des contrats, mais c’est alors à elle de prouver qu’il y a un défaut de fabrication : complexe et coûteux ! Pour mieux protéger le consommateur, un dispositif spécifique a été introduit : la garantie légale de conformité. Pendant deux ans après l’achat, le client a droit à la réparation ou au remplacement à neuf du bien, soit auprès du constructeur s’il a acheté directement chez lui ou sur un site de vente en ligne, soit auprès du distributeur physique qui lui a vendu.
Pendant les deux ans, c’est au professionnel de prouver que le défaut n’est pas dû au produit mais à l’utilisateur.
Conseils pour faire appliquer sa garantie de façon écologique :
Des garanties commerciales sont souvent proposées en magasin à un coût important. Cela ne veut pas dire que ces biens sont durables. C’est un marché juteux pour les distributeurs mais peu intéressant pour les consommateurs ! Un vendeur FNAC dénonce : « Dans les objectifs qui nous sont assignés, la vente de produits est quasiment devenue secondaire. Notre mission est désormais que le client reparte avec le produit qu’il est venu chercher et un service lié : extension de garantie, carte de fidélité, crédit, etc.»
Lorsque notre bien n’est plus garanti ou que nous l’avons accidentellement endommagé, nous n’avons pas toujours le réflexe de nous tourner vers la réparation pensant qu’il ne peut pas être réparé ou que cela va nous coûter trop cher.
Pourtant, un grand nombre de biens peuvent encore être sauvés et ça vaut le coup de se renseigner.
Les services après-vente des distributeurs ou des constructeurs pratiquent la réparation en remplaçant des pièces entières, ce qui peut s’avérer onéreux pour le client. En effet, les pièces ont souvent un coût supérieur à la moitié d’un modèle similaire neuf.
Dès lors il ne faut pas hésiter à s’adresser à un réparateur non agrée.
Bien que les produits soient de plus en plus complexes et non conçus pour la durabilité, les réparateurs indépendants ontsouvent les outils et l’expertise pour ressusciter de nombreux appareils. De plus, leur habilité à intervenir sur le composant, lorsque c’est possible, leur permet parfois de proposer des services à moindre coût.
La réparation de cartes mères, des petits moteurs ou des dalles des écrans des Déchets Électriques et Électroniques permet ainsi d’économiser de l’argent et des ressources. On soutient en plus un secteurfortement pourvoyeur d’emplois.
En France, ce sont vers les distributeurs que les citoyens doivent se tourner pour faire respecter leurs droits, à moins qu’ils n’aient acheté leurs biens dans un point de vente directement géré par le fabricant : Apple store, Ikea etc. Mais les distributeurs et les constructeurs partagent ensuite la responsabilité économique et technique liée à la garantie. Dans le cadre des sites de vente en ligne, les clients sont également directement renvoyés sur le service après-vente des constructeurs. Sous garantie, ce sont des distributeurs que dépendent en premier lieu les taux de réparation et de remplacement à neuf des biens. 69% de toutes les réparations sont assurées par les distributeurs, ils sont donc responsables des ressources naturelles préservées ou gâchées. Pour nous aider à faire le tri entre les enseignes qui respectent le mieux nos droits et privilégient la réparation, les Amis de la Terre ont adressé un questionnaire aux 13 grands distributeurs d’équipements électriques et électroniques d’envergure nationale, en incluant la vente en ligne.
Verdict : aucun distributeur ne peut se targuer d’être vraiment vertueux en matière d’allongement de la durée de vie des produits, mais certains ont engagé des démarches d’amélioration de leurs pratiques et de responsabilisation de leurs fournisseurs sur ces enjeux.
EN LIEN AVEC NOTRE ÉCHANGE DU 6 JUIN 2017 SUR L'OBSOLESCENCE PROGRAMMÉE AVEC LAËTITIA VASSEUR DE L'ASSOCIATION HOP