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Qu’il s’agisse de la mobilité, de l’habitat, des objets connectés, des modes de relations sociales ou des activités professionnelles, la digitalisation de la société pénètre tous les pans de notre quotidien en rendant leurs frontières poreuses. Gains de productivité, facilité d’accès à de nouveaux services, à la connaissance…, l’éventail de possibilité offert par ces nouveaux usages ne doit pas occulter la nécessité d’en maîtriser les règles et les enjeux. L’utilisation des données collectées par des tiers dans ces différents contextes relève de mécanismes complexes peu connus du grand public.
Un exemple d'article :
Qui n'a jamais partagé une fausse nouvelle, par conviction ou en toute bonne foi ?
Les infox font désormais partie du quotidien des internautes, et leur production est devenue une industrie globalisée, aux répercussions massives tant dans la sphère politique qu'économique.
Ce sont des fake news qui ont permis d'influencer l'élection présidentielle aux Etats-Unis en 2016 (scandale Cambridge Analytica). En 2013, c’est une rumeur prétendant que Barack Obama – alors président des Etats-Unis - avait été blessé dans une explosion qui avait fait chuter les cours de bourse à Wall Street, entraînant une perte de valeur de 130 milliards de dollars en quelques minutes.
Au-delà des instigateurs d'infox, qui cherchent sciemment à opérer une manipulation de masse pour servir leurs intérêts parfois avec l'aide d'entreprises spécialisées dans l'influence en ligne, certains diffusent des fake news pour gagner leur vie. C'est le cas pour une cohorte de travailleurs du clic. Ils sont les rouages indispensables de la propagation d'infox, et sont rémunérés seulement quelques dollars – une fortune pour les résidents des pays émergents.
Selon le chercheur Antonio Casilli , des plateformes de création et de diffusion de contenus, telles que Fiverr, permettent ainsi de produire une campagne de désinformation à grande échelle à partir de 5 dollars. Selon lui, d'autres plateformes d'aide aux entreprises, comme Amazon Mechanical Turk créée en 2006, qui rémunèrent la participation des internautes entre 1 et 15 cents pour répondre à un sondage en ligne par exemple, contribuent également à la circulation des fake news.
Les infox pullulent sur Internet, et notamment sur les réseaux sociaux. Dans une étude publiée en 2018, des chercheurs américains du Massachusetts Institute of Technology (MIT) 2ont recensé 126 000 propagations de rumeurs et fausses informations en langue anglaise sur Twitter entre 2006 et 2017, impliquant 3 millions de personnes et plus de 4,5 millions de partages.
Selon eux, les fausses nouvelles - à propos de la politique, de légendes urbaines ou de la science - sont plus virales et se répandent plus largement et plus vite que les informations authentiques : « Alors que la vérité est rarement diffusée à plus de 1 000 personnes, le 1 % des principales fake news est régulièrement diffusé auprès de 1 000 à 100 000 personnes. (…) La vérité met six fois plus de temps que la rumeur à atteindre 1 500 personnes. »
Ce sont les actions humaines qui accélèrent la diffusion des infox, et non les robots. Ainsi, du fait des posts des internautes de chair et d'os, une fake news a 70 % de chances de plus qu'une vérité d'être partagée en ligne.
La viralité des infox tient d'abord à leur caractère original : la nouveauté attire l'attention humaine , comme l'ont montré les chercheurs en informatique de l'Université de Californie du Sud (USC) Laurent Itti et Pierre Baldi, car elle implique un changement de notre représentation du monde, et par conséquent elle est moteur d'action.
Elle nous apparaît comme utile et a donc intérêt à être partagée. Mais au-delà du caractère novateur – puisque créé de toutes pièces – de l'infox, la viralité des fake news s'explique également par les émotions qu'elles suscitent : le dégoût, la peur et la surprise .
La réaction émotionnelle est en effet inhérente au fonctionnement des réseaux sociaux : pour participer à la conversation globale, il faut répondre rapidement, c'est-à-dire « à chaud », sans recul. L'émotion prend alors le pas sur le raisonnement.
A l'heure de l'apologie de la réactivité et de la promptitude à commenter, on en arrive même à partager des contenus qu'on n'a pas lus : 59 % des liens partagés ne sont jamais cliqués, autrement dit les internautes qui les partagent n'ont consulté que le titre du contenu, selon une étude menée par l'INRIA et l'Université de Columbia .
Or, l'effet de recommandation est puissant : une étude aux Etats-Unis publiée en 2017 a montré qu'un contenu partagé sur les réseaux sociaux par un ami nous apparaît comme étant plus fiable que le même contenu partagé par une personne inconnue, mais également comme vecteur d'informations plus digne d'intérêt et de re-partage.
Dès lors, la culture et les croyances de celui qui partage jouent un rôle important dans le type d'informations qui circulent sur les réseaux sociaux. Or, les fausses convictions sont fréquentes : un Français sur cinq adhère en effet à au moins cinq théories du complot, selon un sondage réalisé en décembre 2018 .
Cette vulnérabilité face aux thèses complotistes décroît avec le niveau de diplôme, mais également avec l'âge : elle touche 28 % des jeunes, mais seulement 9 % des plus de 65 ans. Pour autant, les digital natives partagent moins d'infox que les « digital immigrants » : les internautes de plus de 65 ans partagent en moyenne 7 fois plus d'infox que les plus jeunes, selon une étude américaine sur la propagation de fake news sur Facebook en période électorale .
Une des hypothèses avancées pour expliquer ce constat est que les aînés ne connaissent pas toujours les codes des réseaux sociaux et peuvent ainsi considérer des parodies de façon littérale : en effet, les articles humoristiques diffusés par des sites dédiés à la dérision (Le Gorafi ou NordPresse par exemple) adoptent les mêmes chartes graphiques que les médias traditionnels. Or, les seniors sont de plus en plus nombreux à rejoindre les réseaux sociaux, et ils s'y montrent plus actifs que la moyenne.
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