Rester enfermé a un impact non négligeable sur l'équilibre mental. Le psychanalyste Saverio Tomasella nous livre ses conseils pour mieux réguler nos émotions alors que se prolonge le confinement.
Face à la pandémie, l’humanité s’enferme. Plus de 2,6 milliards de personnes, soit un tiers de la population mondiale, sont appelées à sortir le moins possible afin d’enrayer la propagation du Covid-19. En France, ce confinement a été prolongé jusqu'au 15 avril "au moins"...
Colère, anxiété, sentiment de tourner en rond… Vivre ainsi reclus n’est pas sans conséquences pour notre santé mentale et émotionnelle. Une enquête menée en Chine pendant le confinement révélait que 35 % des répondants présentaient un stress psychologique modéré, et 5 % un stress sévère. Voici les conseils de Saverio Tomasella, psychanalyste et co-auteur de La charge affective, pour mieux maîtriser ses émotions et aborder la période en toute sérénité.
Un enfermement, même partiel, est quelque chose de contraignant et contrariant. Celui-ci tombe d’autant plus mal que nous sortons d’une longue période de grève dans les transports, qui a beaucoup pesé pour certains, et que nous sommes au début du printemps. Nous avons envie de sortir, de nous lancer dans de nouveaux projets.
L’obligation de confinement complique aussi le quotidien, notamment pour les parents avec enfants, qui doivent gérer l’école à la maison, parfois télétravailler, faire les courses etc.
Ajoutez à cela l’inquiétude pour sa santé et celle de ses proches, une saturation d’informations anxiogènes… Tout cela peut provoquer un burn-out émotionnel, c’est-à-dire un épuisement à la fois physique et affectif lié à un trop-plein d’émotions que l’on n’arrive plus à assimiler ou réguler.
Certains proches peuvent appeler ou envoyer des textos plusieurs fois par jour pour relayer des informations anxiogènes. Dans ce cas, il ne faut pas hésiter à dire que l’on est soi-même fatigué ou éprouvé. De même, éviter de rester toute la journée sur les réseaux sociaux ou devant les chaînes d’info. Mieux vaut s’informer une fois par jour sur un site sérieux.
La marche est un des meilleurs régulateurs émotionnels. Je conseille de sortir se promener une fois par jour, en respectant les consignes du gouvernement (seul, dans un rayon d’un kilomètre autour du domicile, sur une durée maximale d’une heure).
L’alimentation joue également un rôle important. Manger trop gras, trop sucré ou trop salé est mauvais pour l'équilibre émotionnel.
Enfin, pour vivre au mieux ce confinement, ne vous privez surtout pas de plaisir. Ecoutez les musiques que vous aimez, dansez, chantez, continuez à témoigner de l’affection à vos proches, remémorez-vous de bons souvenirs, de vacances ou de week-ends. Tenir un journal intime peut aussi aider à déverser ses angoisses. La méditation et les exercices de cohérence cardiaque (voir ci-dessous), via des applications ou des vidéos en ligne, sont de bons moyens pour calmer l’anxiété.
Il ne faut pas s’inquiéter outre mesure de ces conflits, qui sont aussi le reflet d’une situation de trop grande proximité et d’angoisse collective. En cas de dispute, on peut changer de pièce un petit moment, s’isoler, ou en profiter pour faire un tour ou les courses pour se calmer.
Et garder à l'esprit que le confinement ne durera pas éternellement. On peut se fixer un objectif positif, par exemple un projet professionnel, mais aussi une sortie à deux, un voyage... qui permettra de mieux supporter la frustration.
Voici deux applications (Androïd mais doivent exister chez Apple) testées et approuvées en lien avec cet article :
La cohérence cardiaque est une technique de relaxation permettant, entre autres, de réduire l’anxiété. Une séance typique consiste à respirer profondément au rythme de six cycles respiratoires (inspiration puis expiration) par minute pendant cinq minutes.
La pleine conscience est une expression désignant une attitude d'attention, de présence et de conscience vigilante, qui peut être interne (sensations, pensées, émotions, actions, motivations, etc.) ou externe (au monde environnant, bruits, objets, événements, etc.). L'appellation « pleine conscience » est la traduction française de mindfulness en anglais, désignation de Jon Kabat-Zinn pour distinguer l'état recherché dans une pratique laïque et thérapeutique d'une forme de méditation ayant pour but la réduction du stress (MBSR) ou la prévention de rechutes dépressives (MBCT). Il est parfois jugé que le mot conscience est réducteur, ainsi en français on parle aussi de « pleine présence », de « présence attentive ».
EXTRAITS D'UN ARTICLE À LIRE INTÉGRALEMENT SUR WE DEMAIN