Nous sommes les héritiers cartésiens de la simplification des phénomènes pour mieux les analyser et les comprendre. Mais, à notre époque, cette méthode scientifique a trouvé ses limites. Edgar Morin en passant par Héraclite, Pascal et Hegel, nous avons été obligé de changer de méthode d’investigation.
Elle a maintenant pour fondement des débats théoriques et des recherches empiriques et nous invite à comprendre la réalité telle qu’elle se présente au regard de l’ensemble de ses éléments.
Mais rendre compréhensible le complexe n’est pas le simplifier mais se complaire dans les incertitudes de ce monde.
C’est l’acceptation de cette incertitude et l’ouverture à l’inconnu qui nous permettra de surmonter ce monde, cette époque complexe (et difficile).
Doit-on nourrir un complexe devant l’étude de la pensée ?... ou étudier la pensée complexe pour se nourrir ?
D’autant que notre pensée occidentale est marquée par l’idée de séparation, gouvernée par le paradigme de simplification. Dès lors notre raisonnement privilégie l’analyse, séparer ce qui est mélangé, discriminer entre le réel et l’illusoire : voilà l’héritage cartésien, que l’on retrouve dans le Discours de la Méthode.
On y retrouve le principe de séparation « diviser chacune des difficultés en autant de parcelles qu’il se pourrait et qu’il serait requis pour mieux les résoudre » et le principe de réduction : « conduire par ordre mes pensées, en commençant par les objets les plus simples et les plus aisés à connaître, pour monter peu à peu comme par degrés jusqu’à la connaissance des plus composés… ».
Ainsi, la méthode cartésienne divisait les difficultés en une série d’éléments simples, et conduisait par ordre, ses pensées, du plus simple au plus complexe. Ces deux principes vont régner dans la connaissance scientifique.
Aujourd’hui ces principes ont révélé leurs limites et il est de plus en plus admis de recourir au principe pascalien : « Toutes choses étant causées et causantes…je tiens impossible de connaître les parties sans connaître le tout, non plus que de connaître le tout sans connaître les parties. » et d’avoir recours à une pensée qui saisisse que la connaissance des parties dépend du tout et vice versa, qui reconnaisse et traite les réalités, qui sont à la fois solidaires et conflictuelles, qui reconnaisse et traite les phénomènes multidimensionnels au lieu d’isoler de façon mutilante chacune de leurs dimensions.
Une pensée qui distingue et relie, s’est substituée à une pensée qui isole et sépare les champs de connaissance en disciplines et les compartimente. Une pensée du complexe (ce qui est tissé ensemble) fait suite à une pensée disjonctive et réductrice. L’étude structurale ne part plus des éléments du système : chacun d’eux n’est défini que par ses rapports avec l’ensemble.
Mais comment relier sans réduire ? face aux paradoxes, et à ce qui semble irréconciliable ? Face aux contradictions objectives qui complexifient les organisations ? N’avons-nous pas appris qu’après thèse et antithèse, il y avait la synthèse ?
Quand Hegel nous propose comme solution, la synthèse, Edgar Morin, avec sa Méthode, nous conduit vers Héraclite qui, épris de logique, le philosophe présocratique nous apprend à affronter les contradictions tout en les maintenant. (N’est-ce pas le fameux en même temps qui fait l’actualité ?)
Il exclut le principe de rétroaction, contrairement à la logique d’Aristote et son principe de non-contradiction qui stipule que A et non-A ne peuvent être vrais en même temps. Si vous tombez sur une contradiction, c’est que vous faites erreur, énonce-t-il, et donc il faut faire marche arrière.
Ainsi, penser séparément les contradictions et les complémentarités, sera le cœur de la pensée dialogique (qui unit deux notions devant s’exclure l’une l’autre, mais qui sont indissociables dans une même réalité : exemple de l’individu dont la notion s’évanouit quand on parle d’espèce ou de société et quand on considère l’individu, ce sont l’espèce et la société qui disparaissent : la pensée doit toutefois assumer dialogiquement les deux termes qui tendent à s’exclure l’un l’autre).
Edgar Morin y ajoutera un principe hologrammatique (dans un système, dans un monde complexe, une partie se trouve dans le tout mais le tout se trouve dans la partie). L’exemple le plus courant est celui du patrimoine génétique d’un individu qui se retrouve dans chaque cellule qui le compose.
De plus, selon la théorie des systèmes le Tout est plus que la somme des parties, car les parties peuvent avoir des qualités qui sont inhibées par l’organisation de l’ensemble.
Enfin de la cybernétique, Edgar Morin retient l’idée de rétroaction, (action de feed-back) induite par Norbert Wiener : boucle génératrice dans laquelle les produits et les effets sont eux-mêmes producteurs de cause de ce qui les produit. Il rompt avec le principe de causalité linéaire. Et pour exemple, il cite le cas d’un individu qui est dans une société, mais la société est à l’intérieur de lui, puisque dès sa naissance, elle lui a inculqué le langage, la culture, ses prohibitions, ses normes. Il a aussi en lui les particules qui se sont formées à l’origine de notre univers. Nous avons en nous le règne minéral, végétal, animal, les vertébrés, les mammifères…
L’autre obstacle souvent rencontré, est la confusion entre complexe et compliqué. Une chose compliquée est embrouillée, difficile à faire ou à comprendre parce qu’on l’a conçue comme telle, alors qu’une chose complexe comporte en soi plusieurs éléments imbriqués, ce qui peut la rendre difficile à saisir. L’exemple de la démocratie peut illustrer cette complexité : séparation des pouvoirs, conflits d’idées, tolérance des idées contraires aux siennes pour qu’il y ait pluralité, afin d’empêcher un pouvoir homogène et monolithique.
La méthode de la complexité n’a pas pour mission de retrouver la certitude perdue… Elle doit constituer une pensée qui se nourrit d’incertitude… au lieu d’en mourir.
Ce n’est pas la solidité des connaissances mais leur transformation qui est le moteur : les idées destructrices y deviennent les idées reconstructrices.
Mais il y a loin entre expliquer et comprendre ! Tout comme entre comprendre … et expliquer ! D’ailleurs, comprendre, n’est- ce pas associer le désordre des idées que l’on reçoit, pour y mettre de l’ordre dans une organisation de pensée ?
Pour toutes ces raisons, la complexité ne devrait pas être évitée mais recherchée. Ne rend-elle pas l’expérience humaine, la vie en elle-même, plus digne d’être vécue ? (C’est l’Amor mundi, d’Hannah Arendt).
« Il serait excessivement candide, particulièrement pour un sociologue, d’imaginer la sociologie comme une science pure, séparée des intérêts et des pressions sociales, d’imaginer une sociologie en quelque sorte dégagée des réalités sociologiques » écrivait Edgar Morin en 1952. Pour l’auteur, connu pour ses travaux sur le paradigme de la complexité, il s’agit de relier le sujet connaissant à l’objet de la connaissance pour penser le « monde complexe ».
Dans cette perspective, le monde social apparaît comme un système complexe où s’enchevêtrent des phénomènes opposés mais reliés entre eux : ordre/désordre, visibilité/repli, mobilité/ancrage, etc.
Le terme « complexus » en latin signifie ce qui est tissé ensemble. Il s’agit de décrire et de comprendre les fondements de ce qui relie et qui est à l’origine de multiples liens. La pensée complexe amène à éviter la fragmentation du réel considérée comme un procédé réducteur et perméable à des considérations idéologiques. Penser la complexité, c’est assumer les contradictions et les paradoxes, dépasser les cloisonnements des savoirs et appréhender les différences comme une composante essentielle de la réalité sociale.
Pour illustrer la complexité, je cite ici un exemple connu celui de l’ordinateur : si l’interface entre l’utilisateur et la machine est très simple, c’est parce que seule la simplicité des commandes est apparente. Or, derrière chaque petite icône sur l’écran, se cache un dispositif programmatique d’une grande complexité.
L’ordinateur forme un système où chaque élément est indispensable au fonctionnement du tout. La complexité signifie des liens forts entre les éléments d’un tout sans lesquels il n’existerait pas, c’est ce qu’on appelle un système. Si on décompose le tout, on perd le fonctionnement de la totalité et le sens de l’organisation. Il en est de même pour la pensée complexe du monde social selon laquelle il est impossible de saisir une partie sans embrasser le tout.
Comme dans toute recherche scientifique, le doute fait partie intégrante de l’approche du réel. Si cette approche se distingue par la prise en compte de l’incertitude, penser la complexité repose sur le « principe d’irréductibilité » autrement dit ne jamais céder à la simplification car la séparation des éléments n’est qu’une illusion. Elle est, sous certaines conditions, porteuse d’idéologie. A titre d’exemple, le « séparatisme » dont on parle aujourd’hui ne peut être analysé indépendamment de l’ensemble social. Seule la totalité peut apporter un éclairage sur ce qui relie et sur ce qui se défait en son sein.
Le paradigme de la complexité s’inscrit dans la pensée systémique fondée sur le fonctionnement global du tout pour comprendre son organisation. Il n’existe pas d’entité séparée car l’interdépendance entre le tout et les parties est totale. Il s’agit d’une pensée globale qui soulève des questions difficiles en admettant des réponses possibles mais relatives.
Par ailleurs, le paradigme de la complexité s’oppose à tout universalisme abstrait ou exclusif qui occulterait des réalités anthropologiques comme la singularité, la localité, la temporalité. Ces éléments sont ancrés dans la réalité, ils sont aux fondements de la société et donc impossible à minorer. Considérant que les réalités anthropologiques résultent de la rencontre de l’universel et du singulier, le « métissage » est partout. Il touche toutes les sphères du réel et s’inscrit de fait dans la pensée complexe.
La pensée complexe explore tous les domaines y compris la ville qui est un système dont les parties sont intrinsèquement relier les unes aux autres. Elle puise son sens dans l’ensemble qu’elle constitue. Parler de quartiers dits « sensibles » comme on le fait si souvent, c’est-à-dire comme si ces quartiers étaient autonomes ou « hors sol », c’est séparer une partie de l’ensemble qu’est la ville. C’est surtout amputer la réalité sociale et nier toute implication des politiques globales dans ces quartiers. Cela n’a pas de sens car les implications dans ces quartiers sont d’ordre politique, économique, social et culturel. Tout phénomène urbain n’est compréhensible que s’il est relié à un ensemble dont il n’est qu’un élément.
Pour finir, la pensée complexe articule l’idée d’un état du monde et une méthode d’investigation. Elle a pour fondement des débats théoriques et des recherches empiriques. Elle invite à comprendre la réalité telle qu’elle se présente au regard de l’ensemble de ses éléments.
Quand peut-on dire qu’une chose est complexe ? Comment et pourquoi l’homme évalue-t ’il la complexité ?
Il est certainement propre à l’humain d’évaluer la complexité du monde qui l’entoure. Cataloguer, différencier et expliquer ce qui est complexe et ce qui ne l’est pas. Reste que l’attribution du terme de complexe est par définition subjective, directement dépendante des compétences de chacun. Par exemple, je peux considérer que la partie des mathématiques traitant des espaces vectoriels est complexe pour moi. Mais je dis bien "pour moi ". Dans ce sens, on peut dire que "complexe" se rapproche de "difficile".
Mais le mot complexe possède également le sens de "qui contient plusieurs éléments". Cette autre définition reste assez ambiguë dans la mesure où le nombre d’éléments n’est pas indiqué précisément : de 2 jusqu’à n. les mathématiques montrent un bel exemple de ce sens. En créant la notion de nombre complexe, est complexe toute écriture d’un nombre sous la forme a + ib (i partie imaginaire). Le nombre est dit complexe puisqu’il comporte 2 parties mais il n’en est pas pour autant difficile.
L’homme vit dans un monde intrinsèquement complexe, situation qui le déstabilise psychologiquement et entraîne sa volonté d’expliquer la complexité, après l’avoir constatée. L’homme tente de lever cette complexité, voire de la contourner, soit par le mythe fondateur, soit par le dogme religieux ou par la démarche cartésienne ou scientifique. Le mythe ou le dogme sont de l’ordre, de la croyance, de l’acceptation, ils sont par essence non démontrables.
Pour retrouver un certain équilibre, dans l’incapacité affichée de maîtriser la compréhension intégrale d’un phénomène complexe, l’homme est réduit à le rendre plus simple, à le simplifier. Gaston Bachelard, dans sa « Formation de l’esprit scientifique » en 1939 rappelait que « le simple n’est que le simplifié ». Ainsi l’Homme serait irrémédiablement prisonnier d’un cercle sans fin qui le mettrait en position de tenter de lever la complexité en simplifiant le phénomène tout en ayant conscience que ce simple qu’il construit n’est qu’une traduction aménagée de la complexité.
L’homme se transforme en pédagogue en traduisant le discours complexe scientifique (savoir savant) en langage plus directement compréhensible (savoir enseigné). Ce que les pédagogues appellent la transposition didactique. N’étant pas expert dans tous les domaines et donc privés de la possibilité de porter la contradiction, nous sommes dépendants de ces pédagogues en tout genre qui traduisent dans une langue vernaculaire des savoirs complexes. Leur intégrité morale assurerait notre perception la moins erronée du phénomène. Que dire de la qualité du savoir enseigné lorsqu’il relève du discours politique ou pire des messages médiatiques !
Dans sa phase la plus aboutie le savoir simplifié devient modèle qui se présente comme la forme réductrice, quelquefois caricaturale, d’une réalité complexe. Il transforme cette réalité complexe, dans la plupart des cas multicausale, en un discours de la monocausalité. A ce titre le modèle, outil de circulation et d’accès ouverts, se présente comme une explication réductrice de la réalité complexe. Son essence même qui provient de cette facilité apparente, rend le modèle dangereux, donnant une fausse impression de facilité. Il importe dans un premier temps au moins de le considérer comme une représentation mentale d’une réalité à un instant t, ce qui aurait pour effet de nous réconforter psychologiquement face à un problème qui nous dépasse. Le stade suivant correspond à la mise en cause, puis au rejet du modèle, c’est-à-dire à une nouvelle confrontation avec la complexité multicausale de la réalité.
Certains courants de pensée, ont aidé les hommes à penser la complexité. En visant à organiser le monde, le structuralisme du milieu du XXème siècle me semble celui qui s’est le plus ouvertement lancé dans cette voie. En s’appuyant sur des approches cartésiennes voire "en mathématisant le réel", il aide à comprendre la complexité multicausale des phénomènes qui nous entourent. Souvent producteur de modèle, il impose cependant que l’esprit critique reste vigilant de façon à ne pas considérer que la représentation proposée est la réalité.
Pour reprendre une dimension plus strictement philosophique, on peut se demander s’il n’existe pas une certaine complaisance (plaisir) de la part l’homme à penser la complexité du monde qui l’entoure. Objet inatteignable, au mieux à approcher, la tâche est à la hauteur des défis que se donne l’humanité. N’est ce pas cette démarche, celle de l’échec, d’avantage encore que son résultat ultime qui nous grandit. Et s’il fallait « imaginer Sisyphe heureux » ce qu’écrivait Albert Camus en octobre 1942 en pleine Première Guerre Mondiale.
Après toutes ces explications philosophiques, sociologiques et scientifiques, il m’apparaît compliqué de faire un bref survol de l’histoire de la complexité, du coup je parlerai, sans complexe, de mon parcours personnel face au concept de la complexité.
Adolescent je découvre les livres de SF de Van Vogt et entre autres : « La Faune de l'espace ». Un des personnages (Elliott Grosvenor) est nexialiste ! Je découvre cette science lors d’une conférence qu’il donne (dans le livre) : « Le nexialisme est une science qui a pour but de coordonner les éléments d'un domaine de la connaissance avec ceux des autres domaines. Il offre des moyens d'accélérer le processus d'absorption de la connaissance et d'utiliser efficacement ce qui a été appris. ». Une science qui vise l'intégration de toutes les branches de la connaissance cela ne pouvait qu’aiguiser l’appétit intellectuel de l’adolescent que j’étais.
Mais hélas cette branche n’existait pas encore ni en spécialité au bac, ni en filière en fac, j’ai donc suivi la filière « procrastination » où je n’étais pas mauvais, mais cela m’avait quand même marqué à vie.
Avec le nexialisme nous sommes dans la confrontation des points de vue différents voire opposés. Même s’il semble encore exister quelques instituts du nexialisme ( http://www.nexialinstitute.com/ ) il n’a jamais été vraiment mis en œuvre à cause d’au moins deux obstacles :
•nos capacités d'apprentissage sont limitées en quantité
•les progrès fulgurants permanents du savoir empêchent un apprentissage humain global.
Un peu plus tard lors de nombreux séjours parisiens je découvre le musée de l’holographie (depuis, ce musée privé est hélas fermé et cherche un repreneur, avis aux amateurs éclairés). Extraordinaire, j’y découvre que chaque partie contient le tout.
L'holographie est un procédé de photographie en relief. On pouvait voir dans ce musée des photos (monochromes) holographiques. En tournant autour de la photo suspendue on tournait autour de l’objet photographié. Je ne vais pas vous expliquer comment cela fonctionne non pas que vous ne comprendriez pas mais parce que je suis incapable de le comprendre, mais globalement c’est une photo faite avec un laser. Mais le plus étonnant est que chaque partie d'une plaque photosensible contient la totalité de l'objet photographié. Redis autrement, si vous preniez la photo de votre petit·e ami·e, et que vous la déchiriez en deux de colère, sur chaque moitié de la photo vous vous retrouveriez avec la photo complète de ce·tte petit·e ami·e ! (vous voilà bien avancé ! Comme quoi la colère est mauvaise conseillère!). Et cela autant de fois que vous feriez de morceaux. Le fait que chaque partie contienne le tout, me marque à tout jamais d’un point de vue philosophique et bien plus.
Encore un peu plus tard, ma « connexion » avec les problèmes de santé m’amènent à m’intéresser et à suivre une formation de naturopathie holistique.
Je découvre ce mot lors d’une conférence. On y donne un petit jeu : il y a 9 points, il faut relier ces 9 points en 4 traits sans passer deux fois par le même point.
Je vous donnerai la solution à la fin de ce petit laïus, pour ceux qui auront eu la patience d’aller jusqu’au bout. Un indice ? Puisque cet exercice est relié à la notion du « tout », il faut être capable d’avoir une vision globale, ne pas rester sur le connu, avoir une vision d’ensemble et sortir des cadres !
La pensée holistique (ou holisme) tend à expliquer un phénomène comme étant un ensemble indivisible, la simple somme de ses parties ne suffisant pas à le définir. De ce fait, la pensée holiste se trouve en opposition à la pensée réductionniste qui tend à expliquer un phénomène en le divisant en parties (tel que Descartes nous l’avait enseigné et qui avait très bien fonctionné jusque là).
La naturopathie holistique est une vision qui repose non pas sur la vision « pathologique » qu’a la médecine contemporaine, qui est bien utile et qui sauve des vies tous les jours, mais sur une vision globale et préventive de l’hygiène de vie humaine. On utilise un ensemble de méthodes naturelles pour retrouver, conserver ou optimiser la santé globale de l'individu et permettre à l'organisme de s'autoréguler . Elle cherche à intégrer l’humain dans toutes ses dimensions (physique, énergétique, émotionnelle, intellectuelle, transpersonnelle, socioculturelle, environnementale …) chacune d’entre elles ayant des répercussions sur l'ensemble de notre être. Nous sommes proches de la définition de la santé par l’OMS : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité » (Extrait de la Constitution de l’Organisation Mondiale de la Santé)
La vie continue pour moi, j’entame une nouvelle formation et une reconversion professionnelle pour devenir assistant de service social. Lors de mes études je découvre la systémie. Il ne s’agit plus de répondre seul à une demande qui paraît simple (demande d’aide financière par exemple) mais d’entendre cette demande en prenant en compte la complexité de la situation, avec la famille entière, les groupes d’appartenance, et cela par un travail en équipe, avec une interdisciplinarité et du travail en réseau. Je me sens tellement en harmonie avec cette façon de voir et de travailler que dès que je serai installé dans ma nouvelle profession je reprends une formation continue sur plusieurs années pour devenir thérapeute familial travaillant avec la systémie.
La systémie, au contraire du nexialisme, ne cherche pas à tout savoir, a contrario elle abandonne ce projet de maîtrise du savoir pour accepter la complexité insaisissable des systèmes.
•Qu’est-ce que la complexité ? Quelle différence entre compliqué et complexe : Monter et démonter un moteur de voiture est compliqué, au moins pour moi. Je n’ai pas de compétences ni d’appétence pour le faire, mais toutefois, des personnes savent très bien le faire. Donc c’est faisable, et avec de la patience, de l’abnégation, de la volonté, je pourrais éventuellement apprendre à le faire. Ce qui est compliqué est bourré d’obstacles mais est surmontable. On peut saisir le « tout ».
•Par contre la vie, dans le corps humain par exemple, est complexe. Tout est relié, tout dépend de tout, du métabolisme intérieur aux relations avec le contexte extérieur, personne ne peut envisager avoir la connaissance intellectuelle du tout.
Maintenant, la force de la systémie c’est justement de dire : on ne peut pas connaître le tout mais nous allons bâtir une hypothèse. Nous la savons limitée, mais nous allons regarder si elle fonctionne. Si elle ne fonctionne pas nous modifierons des paramètres jusqu’à ce que le résultat soit satisfaisant même si nous acceptons de ne pas savoir pourquoi cela fonctionne mieux.
L’approche systémique repose sur différents points :
•la complexité
•le système : un ensemble d'éléments en interaction dynamique organisé en fonction d'un but.
•la globalité : le tout est plus que la somme des parties
•le concept de rétroaction qui déborde largement la simple relation de cause à effet puisque chaque cause peut être effet et chaque effet peut être cause, le tout dans un sens ascendant comme descendant.
Partant d’une vision globale qui voudrait tout maîtriser, passant par la jonction entre la partie et le tout, souhaitant sortir du réductionnisme pour envisager le tout c’est enfin en trouvant la la pensée complexe, largement répandue par Edgar Morin et sa « Méthode » que j’ai pu aborder modestement cette vision systémique dans ma vie personnelle.
Dans notre monde actuel, global, relié, aux sciences qui font des progrès tous les jours, seule la pensée complexe et la vision systémique permettent d’avancer. En effet, si (comme dans le nexialisme) on veut tout savoir et contrôler, nous avons perdu d’avance. Tous les prix Nobel fonctionnement maintenant avec une pensée systémique & complexe appliquée à leurs sciences.
Pour nous, qui ne sommes pas obligatoirement prix Nobel, si dans notre vie quotidienne nous souhaitons que tout soit simple, prévisible, connu ou connaissable, nous courons à la dépression assurée. Si nous avons de la nostalgie du « monde d’avant » qui était si simple et si agréable (à condition de faire partie des dominants), que nous refusons toute ouverture à la différence, aux autres systèmes, à la vision globale du monde : nous finirons par disparaître d’entropie.
Il nous faut donc, individuellement accepter :
•la complexité, accepter de ne pas tout savoir et que les « sachants » ne connaissent pas tout non plus,
•les échecs qui ne sont là que pour indiquer qu’il faut faire varier un élément du système (et nous-mêmes en sommes un, élément, donc qui peut changer son comportement)
•d’avancer vers l’inconnu et que cela n’empêche pas d’avancer (ni de se poser parfois)
Le « Je sais que je ne sais rien » de Socrate ne sera alors plus angoissant mais un élément qui nous permet de vivre « malgré tous les malgré ».
Oups j’allais oublier de vous donner la solution des 9 points, mais probablement l’aviez vous déjà trouvée vous-même :
1L’entropie est un des postulats de la thermodynamique, étymologiquement il signifie « transformation » et il caractérise le niveau de désorganisation, ou d'imprédictibilité du contenu en information d'un système. Sachant qu’en avançant dans le temps cette désorganisation augmente toujours naturellement si elle n’est pas compensée par des apports extérieurs.